Des rustines pour une épave

Ce Mercredi, le gouvernement s’est lancé dans un exercice délicat : l’austérité. Le terme est quelque peu usurpé. Une rapide recherche permet de replacer le terme dans un contexte précis, au moyen de ce fabuleux outil qu’est le dictionnaire à synonymes. Pour « austérité », nous avons donc : abstinence, dépouillement, dureté, froideur, gravité, rigorisme, rudesse, sécheresse, sévérité, simplicité, sobriété. Eh bah, le moins que l’en puisse dire, c’est qu’on en est loin !

En effet, il convient de rappeler les déficits abyssaux de la France ces dernières années : 138 milliards d’euros en 2009 (contre 36 milliards d’euros en 2006). Ainsi, « à cause de la crise », le gouvernement a, en l’espace de 4 ans, presque quadruplé le déficit budgétaire français, un record mondial pour les pays de l’OCDE!

Pour bien comprendre le débat, il faut rappeler que la crise est l’alibi en or du gouvernement. Sous prétexte que les temps sont durs, le gouvernement fait exploser la tirelire, avec une quantité monstre de réformes coûteuses, inefficaces pour la plupart, et carrément injustes pour certaines. Le Gouvernement de Nicolas Sarkozy (sic) est donc recordmen des déficits depuis 2007. Mais qui détenait ce record avant 2007 ? Figurez vous que c’était entre 1993 et 1995 où les déficits avaient déjà explosés. Et qui était responsable des comptes publics à l’époque ? Bingo, le ministre des Finances n’était tout autre que Nicolas Sarkozy, sous le gouvernement Balladur. Derrière ceci se cache l’idéologie néolibérale. Rappelons ainsi que Ronald Reagan avait fait exploser les déficits des États-Unis ce qui contraindra -déjà- Clinton à composer avec un Congrès républicain soucieux de saborder sa fin de mandat en étranglant l’Union via la dette. Décidément, l’Histoire se répète avec Obama aujourd’hui, qui doit payer les pots cassés laissés par George Bush Jr !

Ce qui est magnifique dans ces pays, c’est que la Droite a réussi un fantastique exploit de démagogie : alors qu’elle a pour habitude de creuser la dette,  elle a réussi a faire passer la Gauche pour le mauvais élève, et à l’opposé, s’est revêtue de l’habit de la vertu. Et le pire ? C’est que ça marche ! Ainsi, qui se rappelle que le dernier gouvernement à avoir stabilisé les déficits (et même réduit la dette rapportée au PIB) était celui de Lionel Jospin ? Qui se souvient que c’est, sous ce même mandat, que les comptes de l’Assurance Maladie furent excédentaires transitoirement, et pour la dernière fois ? A vrai dire presque personne. Bien sûr la Gauche n’est pas parfaite, elle a commise de lourdes erreurs par le passé, mais cette OPA de la Droite sur le sujet la dette est plus que scandaleuse. Rappelons que c’est le centre-droit qui a le monopole du sujet, depuis bien longtemps… c’était Madelin en son temps, puis Bayrou dès 1999.

Revenons-en au sujet central, le Plan Fillon, comme je me permets de l’appeler. 12 milliards d’euros d’économies pour 2012, c’est relativement peu. Et encore, ce chiffre est issu d’estimations largement surestimées selon moi, je tablerais davantage sur 9 à 11 milliards. Mais passons. Rappelons les objectifs du gouvernement pour 2012 : un déficit de 4.6% du PIB, soit 90 milliards d’euros à peu près. Le déficit de 2011 sera de 5.7% du PIB selon le gouvernement, soit 110 milliards d’euros. François Fillon et ses rustines ont fait la moitié du chemin, mais pas assez. Et derrière, il restera 90 milliards d’euros à combler bien avant 2017, puisque la France devrait conserver, en l’état, son triple A encore pendant quelques années seulement. François Bayrou propose une mesure simple : la TVA pour les produits n’appartenant pas aux biens de première nécessité (19.6%) serait relevée de deux points. Selon l’État-Major du MoDem, cela rapporterait instantanément 20 milliards d’euros. Une mesure courageuse, que cette fameuse TVA sociale, mais Ô combien nécessaire.

Pendant longtemps, les gouvernements de Droite et de Gauche ont utilisé un artifice contre les déficits : la Relance par la consommation. Cette politique atteindra son point d’orgue en 2005 lorsque Dominique de Villepin, fraichement nommé Premier-Ministre, mettait en avant les très napoléoniens « cent-jours ». En 100 jours, il allait redresser la France disait-il, par la relance via la consommation. Et ce fut un bide magistral. En effet, l’artifice est le suivant : on donne de l’argent aux français, ils consomment, cela occasionne de la croissance, et la dette rapportée au PIB baisse ! C’est magique. C’est cheaté même. On résout le problème en donnant de l’argent aux gens ! Ils ont de quoi être contents non ! Et franchement, trop cons les boches. Pareil les dannois. Qu’est ce qu’ils foutent à augmenter la TVA d’un côté, et à baisser les salaires de l’autre ? C’est vraiment des cassos, nous en France on est les meilleurs, on file des pécos au peuple, et il consomme ! Youpi la croissance. Enfin youpi l’élection, les gens votent pour nous, ils sont contents et gueule de bois pour les français quand ils se rendent compte de la stupidité de la chose. Compte tenu des derniers sondages, les apôtres de la consommation ont de beaux jours devant eux. Sarkozy avait d’ailleurs implicitement repris le truc avec son « travailler plus pour gagner plus ».

En fait la vérité, c’est que les français sont trop cons pour la plupart. Les Russes avaient coutume de dire que Dieu avait créé ce fantastique pays qu’est la France, mais qu’il avait créé les français pour compenser. Je ne développerai pas ma thèse selon laquelle le peuple français mériterait d’être vitrifié sous le feu nucléaire en cas de réélection de Nicolas Sarkozy (dans l’état actuel de son programme et de ses intentions) ou d’élection du PS, mais je me contenterai d’expliquer les choses très simplement : lorsque vous donnez de l’argent aux français, que vont t’ils acheter ? Des téléphones, un écran plat, des vêtements, un ordinateur, un scooter… mais où tout ceci est-il produit ? Et là je vois des yeux ébahis : pas en France ! En réalité, en finançant la consommation, on démantèle l’industrie française et on favorise indirectement les concurrents asiatiques. C’est vraiment magnifique. C’est d’ailleurs pour ça que la France est le seul pays développé au monde à compter exclusivement sur la consommation pour relancer la croissance. La réalité est hélas implacable : comme nos voisins européens, la relance de la croissance passe en fait par une baisse transitoire du pouvoir d’achat, afin d’investir dans des secteurs d’avenir. On ne pourra pas y échapper. Nous sommes arrivés à la fin d’un cycle où les générations précédentes ont vécu au dessus de leurs moyens. Raymond Barre le disait déjà en son temps !! Et les français n’ont rien fait. Ils se sont même permis le luxe d’éjecter le courageux et talentueux Juppé en 1997, avec sa rigueur façon Club Med, qui aurait pourtant sauvé la France du désastre qui l’attend. Parce que presque 15 ans après, ce qui nous attend, c’est la rigueur façon Goulag. Il faut payer l’addition maintenant, comme un couple endetté.

Imaginez un ménage au salaire mensuel de 3.000€, dépensant 5.700€ par mois avec une dette de 339.000€. Qui lui ferait confiance ?
Ce ménage, c’est l’Etat français, et le tiers de sa dette est détenue par les Français, notamment au travers de l’assurance vie.

Aurélien Véron, président du Parti Libéral-Démocrate

Et le reproche que l’on peut faire au gouvernement actuel, c’est bien de manquer totalement de courage politique pour imposer les réformes qu’il faut. On ne peut pas relancer la France, sans combler les déficits, tout en investissant dans des secteurs clés : Éducation, Production et Recherche et Développement, via une réduction transitoire du pouvoir d’achat. Un post-doc en France est payé environ 1.700€/mois. Pour un Bac +8. Aux États-Unis, c’est presque le double. Le chercheur aux États-Unis est appelé Docteur, en France il est sans cesse rabaissé, entre autres, par ces connards que constituent les lecteurs aigris du Figaro.fr, se complaisant dans leur stupidité la plus totale en ne cessant de baver sur ces « chercheurs qui ne foutent rien », avec le proverbe du débile « Des chercheurs qui cherchent on en a, mais des chercheurs qui trouvent, on n’en a pas ! » Que c’est terrible. Pauvre France.

Quelques précisions pour terminer, elles seront l’objet d’un article ultérieur. Considérez ceci comme un aide mémoire, ou une ébauche.

On peut baisser le pouvoir d’achat en ne le baissant pas ! (on peut même le baisser en l’augmentant in fine.) WTF ?

Prenons-un exemple :

Un français qui travaillerait une semaine de 35H et qui gagnerait le SMIC toucherait 315€, soit un salaire horaire de 9€.

On pourrait taxer ce français, et prendre 1€ sur son SMIC. Il toucherait dès lors 8€/heure. Mais s’il travaillait 40H, il gagnerait 320€ par semaine !

C’est le principe, que j’ai appelé, travailler plus pour gagner moins, mais plus infine. C’est totalement tiré par les cheveux, mais l’idée est là. Je reconnais que ce n’est pas une idée originale. Mais elle est courageuse, et surtout efficace. Faire travailler les français plus longtemps, pour « payer » les abus d’hier en douceur, sans énormes coupes budgétaire. Cela peut se faire sous forme d’un rallongement du temps de travail, mais une autre solution existe : une journée de solidarité rapporte 2 milliards d’euros. En supprimant 5 jours fériés  et 10 jours de congés payés pendant quelques années, on pourrait dégager 30 milliards d’euros. Ajoutés à l’augmentation de la TVA, l’Etat empocherait le pactole de 50 milliards d’euros pendant quelques années. Quelques jours travaillés en plus pendant quelques années, et des produits 2% plus cher (même pas les produits de première nécessité) est un moindre mal pour une trentaine d’années à vivre au dessus de nos moyens. Bien sûr, ces mesures sont à relier à des mesures d’économies budgétaires notamment, mais aussi fiscales, notamment en mettant à contribution les plus riches, de manière beaucoup plus forte que les 3% annoncés du gouvernement, et qui rapportera seulement quelques centaines de millions d’euros ! Enfin, les politiques devront être mis à contribution, symboliquement, par des coupes budgétaires énormes, par exemple sur les très coûteux repas à l’Assemblée Nationale, les indemnités, les salaires, les retraites. Et un président payé au SMIC, alors qu’il est nourri, logé, blanchi, ce n’est pas si ridicule.

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Quelques mots sur le Front National

Souvenons-nous des élections régionales de l’année dernière. Il faisait beau en ce mois de Mars -très beau même-, et déjà un petit coup de semonce de l’extrême-droite, notamment dans le Nord et en PACA. Ainsi, Jean-Marie Le Pen se payait même le luxe de faire chuter l’UMP dans un des fiefs sarkozystes, comme en 2004. Sur le plan national, malgré ces quelques « succès », le parti enregistrait une érosion notable de son électorat, récoltant 11.42% contre 14.40% en 2004. Au niveau comptable, la différence est plus marquée, avec 2.2 millions de voix en 2010 contre 3.5 millions en 2004.

En aparté

Par rapport à ces élections régionales de 2010, en comparaison avec 2004, on peut remarquer quelque chose qui saute aux yeux. Ces deux élections correspondent à un vote protestataire massif. Pourtant, les comportements ne sont pas les mêmes, par exemple l’abstention en 2010 est massive (plus de 50%), contrairement à 2004 (34%). On peut s’amuser à quantifier le profil de ces absentionistes :

La gauche républicaine enregistre ainsi une perte de 1 000 000 voix environ.

La droite républicaine enregistre une perte de 3 200 000 voix environ.

L’extrême droite enregistre une perte de 1 300 000 voix environ.

En pondérant ces résultats par rapport à leur base de départ en 2004, le contraste est saisissant. La Gauche ne perd que 6.66% de ses électeurs, elle en gagne même en comptant l’extrême-gauche ! La Droite républicaine souffre elle d’une véritable hémorragie, en perdant 40% de son électorat.

C’est remarquable, car malgré une abstention qui a augmenté de 45% environ entre les deux scrutins, la Gauche garde presque tous ses électeurs. C’est bien la Droite et l’extrême-droite qui a beaucoup perdu dans l’affaire. C’est donc un vote sanction pire que le vote sanction de 2004, qui visait déjà la Droite de Jacques Chirac !

Revenons aux régionales de 2010, en s’intéressant au Front National. Un résultat,  l’évolution entre les régionales de 2004 et de 2010 du vote FN dans le Nord-Pas-de-Calais :

Année Candidat 1er tour 2nd tour
2004 Carl Lang (FN) 290 908 (17,94%) 336 434 (19,73%)
2010 Marine Le Pen (FN) 224 871 (18,31%) 301 190 (22,20%)

Wikipedia.

C’est ici qu’on peut observer un effet Marine Le Pen tout à fait typique. Le premier tour, vote de conviction dans une région où l’extrême-droite est bien ancrée, ne donne pas d’évolution probante entre les deux scrutins (ce qui est déjà un exploit compte tenu du contexte national). En revanche, au second tour, le FN progresse. Bien sûr c’est ténu, mais si on met cela en présence du contexte national de baisse du FN, c’est assez remarquable.

Au final, dans ce scrutin régional, le FN a fait du yoyo, en retrouvant progressivement ses niveaux post-2002 après des élections européennes assez mauvaises pour le parti, l’année précédente. Cette année marquait donc la relative résurrection du Front National, qui allait se concrétiser un an plus tard, lors des élections cantonales.

Quoi qu’en disent les médias, la donnée qui a changé, c’est qu’une partie des électeurs de Droite est prête à voter pour FN, ce qu’elle se refusait de faire à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Voilà donc l’effet Marine, d’ailleurs repris avec beaucoup d’originalité par le parti, où l’on parle de « vague bleu marine », une certaine touche de modernité.

Pour bien comprendre, il faut regarder tout particulièrement ce qui a changé au FN depuis quelques mois. Le Petit-Journal Yann Barthès se livre souvent à un petit jeu sadique : prendre des images de Marine Le Pen, couper le son, et mettre celui de son père à la place, pour faire mine que père et fille, c’est la même chose. Pourtant, les clivages sont assez importants. Tout d’abord sur la shoah, leur point de vue est radicalement opposé, le « détail » s’oppose directement au « summum de la barbarerie », excusez du peu ! Sur le plan du pouvoir, Marine Le Pen veut gouverner, là où son père restait dans une posture rebelle qu’il affectionnait tant. Et ce désir ce retrouve dans le programme : il a radicalement changé, fini l’étrange mix entre mesures néolibérales et mesures anti-capitalistes (ex : reprendre les aides publiques aux entreprises qui délocalisent, c’était dans le programme du FN et du NPA en 2007).

Le gros problème, et qui fait peur, c’est que le programme économique du FN est non seulement désastreux, mais en plus démagogique. Comme le commun des mortels, l’économie n’est pas mon point fort, du coup nous irons à l’essentiel.

« Le Prix Nobel américain Milton Friedman avait dès le départ prédit l’échec de l’euro, la crise qui allait se produire, et démontrait les vertus indépassables de la liberté monétaire. »

http://www.frontnational.com/pdf/projet-eco-fn.pdf

Ici on commence par du lourd. Effectivement, cet illustre économiste – aujourd’hui mort – a prévu la chute de la zone euro. Mais que de paradoxe !

Voici une copie de ces propos : http://lupus1.wordpress.com/2010/02/06/milton-friedman-limprobable-passage-a-la-monnaie-unique/

Voici quelques extraits :

Je n’ai aucun doute que M. Kohl croit sincèrement à l’opportunité de créer une monnaie unique en Europe. Mais cette aspiration ne fonde pas d’elle-même les institutions et les conditions économiques nécessaires à la réussite du projet. Or, ces conditions ne me paraissent pas réunies.

On peut avoir une unification économique sans unification politique. A condition de combiner la liberté du commerce et des mouvements de capitaux avec des changes flottants, car ceux-ci préservent l’autonomie des politiques économiques des pays concernés.

Changes flottants, c’est quoi ? Il suffit de regarder Wikipedia. Et, stupeur, on y découvre quelque chose de très intéressant :

La contestation de Maurice Allais est plus radicale encore. Dans La Crise mondiale aujourd’hui (Clément Juglar, 1999), il soutient que les changes flottants créent les conditions d’un désordre généralisé, qu’ils accroissent les risques sur chaque opération commerciale ou financière internationale, et qu’ils ne peuvent déboucher que sur une crise mondiale de type 1929. « Ce qui doit arriver arrive ! », annonce-t-il.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Changes_flottants

Tiens tiens… le Front National s’inspire de Maurice Allais et de Milton Friedman… aux thèses radicalement contradictoires ! Bref. Ce n’est pas le sujet. Revenons sur ce qu’affirme Friedman. Son propos est clair : le problème n’est pas l’Euro, mais le système. Il préconise une union politique, ou alors un système ultra-libéral, aux antipodes de ce que prône le très eurosceptique FN ! A se tordre de rire n’est ce pas ? Là encore le FN cite hâtivement un économiste, car le gogo moyen n’ira pas vérifier ! Plus généralement, Milton Friedman est considéré par le « milieu » comme le père du néolibéralisme qui est farouchement dénoncé par le FN ! On aura vu mieux comme choix de citation !

Autre moment de démagogie :

La parité fixée est la suivante : 1 euro = 1 franc avec un taux de change fixe et
ajustable (si euro monnaie commune), pour maintenir au mieux le pouvoir d’achat.
Par conséquent : le prix des biens de consommation ne changera pas pour éviter à nouveau un mouvement très inflationniste comme lors du passage du Franc à l’Euro.

Ex: la baguette d’1 € passerait à 1 Franc et non à 6,57 F (en 10 ans, perte de 40% de pouvoir d’achat ! )

http://www.frontnational.com/pdf/sortir-de-leuro.pdf

Ici il faut s’interroger à la structure même du texte, notamment ce qui est en gras. Il s’agit en fait d’un magnifique enfumage, destiné à appâter les néophytes en économie. On nous dit qu’on aurait 1€ => 1F. Là d’accord. Ils auraient pu s’arrêter là, mais bien évidement, cela ne claquerait pas assez. On mentionne alors la valeur de l’ancien franc (qui n’a rien à foutre là, puisqu’on parle d’une conversion de l’euro en une nouvelle monnaie qui n’aurait strictement rien à voir avec l’ancien franc en terme de valeur). Le gogo moyen va croire qu’en fait, la baguette coûtera 6 fois moins cher. Cette croyance est tendue comme une perche par la mention sur le pouvoir d’achat, qui aurait baissé de 40% (source ? pouvoir d’achat de quoi ? de qui ? 40% de baisse sur le pouvoir d’achat depuis l’entrée dans l’euro, c’est une blague ?). Bref, par cette petite manœuvre grotesque, on cherche à attirer les plus naïfs, hélas.

J’ai parlé de ce passage avec quelques étudiants en économie. Ils ont clairement affirmé que pour maintenir une parité 1F => 1€, il faudrait des réserves de change monstrueuses (des devises étrangères), dont la France ne dispose pas. Donc une parité 1F => 1€ serait irréalisable. Bref, le FN n’y connaît rien en économie, mais ce n’est pas une surprise !

En effet, à force de citer tout et n’importe qui, le FN a pris un sacré coup en retour, c’était cette semaine, dans Le Parisien. On y apprenait quelques éléments croustillants :

La sortie de l’euro, le Front national en fait l’un des piliers de son programme économique. Sur son site, il affirme que de « nombreux éminents économistes français rejoignent notre diagnostic sur l’agonie de l’euro ». Et de citer sept d’entre eux : Jacques Sapir, Norman Palma, Jean-Luc Greau, Christian Saint-Etienne, Philippe Simmonot, Alain Cotta et… Maurice Allais (décédé en octobre 2010).
Nous en avons contacté trois. Problème : ils sont loin de partager les vues du FN. Deux sont même contre la sortie de l’euro.

  • Christian Saint-Etienne, économiste au Conseil d’analyse économique : « La France ne peut pas sortir de l’euro. »
    Vlan.
  • Alain Cotta, professeur d’économie à HEC : « Le FN présente le problème de façon simpliste.»
    Et paf.
  • Jean-Luc Gréau, ancien économiste au Medef : « Je n’ai jamais pris position en faveur d’une sortie de l’euro.»
    HeeEEEEEeeeaaaAAAAAaaaaDDdddDDDDDDDSSSSsssHHHHHhhhhhOOOooooOOOOOoTTttTTTT.

http://www.leparisien.fr/politique/quand-le-fn-embrigade-des-economistes-contre-leur-gre-08-04-2011-1398900.php

Croustillant n’est ce pas ? Je pense que cela n’a pas besoin d’être détaillé.

Bien sûr le FN prétend qu’il existe bien d’autres personnes autour d’eux :

Il fait partie de ce vivier de spécialistes — une cinquantaine selon Marine Le Pen — qui planchent depuis peu à ses côtés sur les idées du FN. Ils viennent du monde universitaire, des institutions financières (Caisse des dépôts et consignations, Banque de France), des grandes entreprises et des ministères.

http://www.leparisien.fr/politique/adrien-haut-fonctionnaire-a-bercy-et-conseiller-de-marine-le-pen-08-04-2011-1398899.php

Mais cela prête à sourire. En effet, ce qui compte, ce n’est pas le titre, ou la confédération, mais bien les actes. C’est comme en Sciences en fait. Si on en venait à croire le premier charlatan se prétendant scientifique (et même s’il l’était réellement par le titre !), on serait alors amener à prendre pour argent comptant des théories farfelues comme la très connue « mémoire de l’eau ».

Dernier procédé démagogique, c’était celui de Marine Le Pen à propos de l’intervention en Lybie. Ainsi, elle affirmait sur tous les plateaux télé, quelque chose comme « ah mais vous savez, contrairement à ce qu’on dit, le conflit en Lybie va durer très longtemps ». Problème : personne n’a affirmé le contraire, l’Armée ayant affirmé dès le début qu’il faudrait sûrement des mois pour résoudre la situation. Bien entendu, Marine Le Pen pourra dans quelques semaines, affirmer haut et fort « vous voyez, j’avais raison », et s’attribuer ainsi une « victoire » totalement fictive, sortie de son imagination, voire de son…

Mais la critique des hommes, comme cet article d’ailleurs, se heurte à un problème : le FN affectionne la victimisation. C’est un parti qui est rodé pour.

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Borloo candidat, fantastique !

Jean-Louis, Jean-Lou, Jean-Clou ! Le rebelle est candidat !

C’est fantastique. L’affolement gagne l’UMP, parti tumoral qu’a quitté la Marianne des radicaux. Les cellules tumorales, un mélange de tout et n’importe quoi qui se développe de manière anarchique, sans commandement. C’est un peu ça l’UMP. Sarkozy ne dirrige plus grand chose, sa crédibilité est entamée par son impopularité record, le parti présidentiel se divise entre le centre et la droite. On nous avait vendu l’UMP comme un vaste rassemblement, un gros parti de centre-droit. Finalement cette stratégie était une chimère. Nous aurons l’occasion d’en reparler ultérieurement, dans un billet fait pour l’occasion.

Revenons-en au sujet.

Audience TV : 2,2 millions de curieux pour Borloo chez Chabot

http://www.leparisien.fr/tv/audience-tv-2-2-millions-de-curieux-pour-borloo-chez-chabot-08-04-2011-1399465.php

Pour une dernière, ce n’est pas très brillant. Mais qu’importe ! Dans le fond c’est déjà pas mal pour le président d’un parti, anciennement glorieux sous la IIIème république et qui est aujourd’hui réduit à la portion congrue. Qu’importe d’ailleurs s’il faut s’allier avec un parti dont le chef de file remet en cause la laïcité.

Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.

Nicolas Sarkozy, discours de Latran

Car oui si vous ne le savez pas, le Parti Radical est censé être le plus pro-laïc du champ politique français. Parti de Marianne. En fait, on dit « Radical » car à l’origine, dans l’affrontement entre républicains et monarchistes, les radicaux étaient des « extrémistes républicains ». Voici quelques réalisations des radicaux :

  • La loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, dont l’artisan sera Émile Combes
  • Création de l’impôt sur le revenu, sur l’impulsion de Joseph Caillaux
  • Instauration de la gratuité de l’enseignement secondaire, menée par Édouard Herriot

Merci Wikipedia.

Par le passé, on peut donc taxer les radicaux de gauchisme sévère, en tout cas d’égalitarisme, ce qui n’est pas plus mal en somme. Les radicaux se sont ensuite alliés aux socialistes puis ont progressivement disparu de la scène politique, d’abord sous la IVème république, à cause de la concurrence du MRP, autre parti centriste, et sous la Vème république où le parti radical fut écrasé entre la nouvelle UDF et une SFIO (puis PS) de plus en plus centriste. Pourtant, comme on le voit, les radicaux ont vendu une partie de ces idéologies pour des postes clés. Quelques ministères bien sûr, comme Borloo à la ville, à l’économie puis à la ville, Laurent Hénart à la jeunesse. Les radicaux de droite disposent également de 20 sièges de députés, et 6 sénateurs. Ce n’est pas rien, c’est presque autant que le Nouveau Centre. Le centre-droit dispose donc d’environ 45 sièges de députés (25 pour le Nouveau Centre). Qu’est ce que cela représente exactement ? Eh bien c’est simple, en théorie, avec ces 45 sièges, les « centristes » peuvent faire tomber le gouvernement actuel s’ils sont soutenus par la Gauche. Bien entendu, cela n’est pas fait. Pourtant, les élections cantonales sont un signal fort, qu’il faut mettre en corrélation avec l’impopularité extrême du gouvernement actuel. Lors de l’affaire Clearstream, François Bayrou avait pris ses responsabilités en votant la motion de censure contre le gouvernement de Villepin. Aujourd’hui il n’en est rien pour les radicaux !

En effet, sous prétexte d’un « contrat législatif » qui aurait cours entre 2007 et 2012, les centristes refusent de -trop- s’émanciper. Tout juste ont t’ils droit de faire de la figuration. Et c’est en fait le sens de ce billet. Le départ de Jean-Louis Borloo de l’UMP est un pétard mouillé qui ne débouchera sur rien de concret. Pour bien le comprendre il faut revenir en arrière.

Début 2007, la campagne présidentielle bat son plein. François Bayrou est devant Ségolène Royal dans les sondages au crépuscule du mois de mars. Selon ces mêmes instituts, il battrait largement Nicolas Sarkozy au second tour. Dans ce contexte, Jean-Louis Borloo fait monter les enchères et menace, par l’intermédiaire de son « entourage », de rallier le candidat de l’UDF contre Sarkozy. Finalement, après avoir débauché quelques temps plus tôt Simone Veil, le candidat de l’UMP réussit à ramener sous son aile Jean-Louis Borloo. La récompense ? Elle viendra plus tard, après la victoire de la Droite, Ministre de l’Economie ; puis, après la défaite d’Alain Juppé aux élections législatives, il est introduit dans le fameux super-ministère de l’Ecologie, rien que ça.

En aparté

On rappellera que Juppé a quitté le gouvernement en vertu du principe énoncé par Nicolas Sarkozy avant les élections législatives de 2007 : tout membre du gouvernement qui ne serait pas élu, serait éjecté du gouvernement. On peut remarquer que cette promesse d’abord tenue, a ensuite été foulée du pied lors du retour d’Alain Juppé au gouvernement en 2010, le 14 novembre.

Ce qu’il faut donc bien comprendre, c’est que l’intérêt de Borloo, comme beaucoup de « centristes de la majorité », c’est d’être une plus-value, et d’être traité comme tel, pour avoir un poste par exemple, ou des financements afin de faire vivre le parti. Certes, ce dernier objectif peut paraître noble, néanmoins c’est celui-ci qui a justifié l’alliance objective durant des décennies entre le RPR et l’UDF, et l’Histoire a retenu que l’UDF n’avait fait que du flanc à l’arrivée, même quand celle-ci disposait de presque autant de députés que le RPR (215 contre 256 lors des élections législatives de 1993). Beaucoup de confusion, aucune clarté au final dans ce cartel UDF-RPR. On peut donc en conclure que Jean-Louis Borloo ne se présentera pas si le contexte actuel se maintient, à savoir une faiblesse de Sarkozy dans les sondages qui fait que toute concurrence à droite pourrait l’éliminer dès le premier-tour. Il négociera probablement quelque chose comme un grand pôle centriste pour les élections législatives de 2012 avec probablement le poste de premier-ministre. Il sera gagnant, puisque le centre-droit aura probablement un grand groupe digne de l’ancienne UDF (donc 100 députés minimum) et une place de choix. Mais il y aura des perdants : François Bayrou tout d’abord, dont chaque pour-cent compte en vue d’accéder au second tour, et puis les français bien évidement, qui risquent d’être enfermés dans un duel entre l’UMP et le PS, si Marine faiblit.

Avant, le centre c’était du flanc. Avec Borloo, le centre, c’est du flanc au rhum !

Allez on termine par une petite musique.

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